Erosion des plages du var

Les plages du var qui se désensablent

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Tour d'horizon le 2 Mars 2021

Publié le 01 mars 2021 à 10h07  Par S. Chaudhari Var Matin

Touchées par ce phénomène, les plages du Golfe de Saint-Tropez font l’objet de surveillances régulières par les collectivités et les cabinets d’études afin de préserver ce capital crucial et maintenir les activités.

Recul du trait de côte, destruction d’enrochements, disparition de plages, menaces sur les habitations en bord de mer et des voies carossables... les impacts de l’érosion maritime ne sont pas négligeables dans le Golfe de Saint-Tropez, explique Théo Echafi, chargé de mission au sein de La Communauté de Communes, compétente en la matière.

A La Croix-Valmer, les élus et agents, conscients de l’importance des enjeux, se penchent régulièrement sur la problématique.

Très fréquentée car située à 4 km du village, juste avant l’accès au sentier des douaniers et disposant également d’activités nautiques, d’établissements balnéaires à proximité du rivage, la plage de Gigaro fait l’objet de toutes les attentions.

Des enrochements et gabions ont été réalisés dans les années 70. Seulement voilà, ces mêmes enrochements ainsi que d’autres ouvrages subissent les assauts des vagues.

Topographie et granulométrie

Lors d’intempéries, l’eau qui arrive des collines peut former de véritables cours d’eau sur la plage et endommager les ouvrages existants. Il est aujourd’hui nécessaire de se remettre au chevet de cette plage.

Des études ont été lancées afin de trouver la meilleure piste à mettre en œuvre, avait annoncé le maire Bernard Jobert lors du dernier conseil municipal.

"Nous avons effectué de nombreux relevés photographiques, pris connaissance des évolutions de cette plage durant plusieurs décennies grâce notamment aux nombreuses archives communales, pris contact avec les entrepreneurs de l’époque, étudié la granulométrie, la topographie, ajoute Mickaël Gravé, du bureau d’études MGE à Cogolin. Aujourd’hui, il s’agit de poursuivre l’état des lieux et de savoir quels éléments doivent être retenus afin de proposer un plan durable et écologique."

Retenir les sédiments naturels

La protection de la plage passera très certainement par la sensibilisation sur l’importance de laisser les bancs de posidonies sur le sable en basse saison.

"Des gens nous disent que la plage est sale mais non, c’est un phénomène naturel. Il faut laisser la plage tranquille en cette période car les banquettes protègent la plage."

Et de rappeler: vivants ou non, les herbiers posidonies sont une espèce protégée. Ces plantes font partie de l’écosystème, de la même manière que les dunes sur les bords de Atlantique.

En mer, également les posidonies maintiennent les sédiments. "Nous luttons contre les ancrages sauvages. La police municipale a reçu des ordres strictes là-dessus", conforte l’édile.

En ce qui concerne cette portion de plage, la route, construite dans les années 1960, a rogné jusqu’à 7 mètres de rivage, là où se trouvaient jadis le sentier des Cavalières, expliquent René Carandante, premier adjoint et Thierry Jalabert, directeur des services techniques.

Inévitablement, va se poser la question des aménagements et la circulation des véhicules notamment. Faudra-t-il rogner sur la voie enrobée, installer un système de navettes ou suivre une autre piste? L’avenir le dira.

Au Rayol-Canadel

Deux "récifs" de 120 et 260 mètres de long ont ainsi été constitués. Ils sont à 60 mètres de la plage et l’autre à 110 mètres. Photo DR.

Depuis 2019, une série de travaux visent à protéger la plage au Rayol-Canadel ayant reculé en l’espace de plusieurs décennies.

Une première phase a consisté à l’immersion, au large, d’un tapis géotextile lesté et de "géotubes": des sortes de boudins remplis de sable, longs de 15 à 20 mètres et haut de 2 à 3 mètres. Chaque géotube est rempli de 270 à 570m3 de sable pour un poids variant de 480 à 1.000 tonnes.

Deux "récifs" de 120 et 260 m de long ont ainsi été constitués. Ils sont à 60 mètres de la plage et l’autre à 110 mètres. Ils seront sans doute colonisés par la flore sous-marine.

La réalisation de ces digues sous-marines a en effet permis d’atténuer l’énergie de la houle et de protéger la plage, le bâti et les enjeux humains, relate Théo Echafi, chargé de mission à la ComCom.

Ensuite, il s’est agi de recharger la plage pour un volume d’environ 6.000m3. Le sable nécessaire a été pris sur place, dans des zones bien définies, là où les courants marins les ont déposés.

Ce faisant, environ 45 mètres de longueur de plage ont été gagnés, doublant ainsi la superficie de la plage.

Les travaux ont été inaugurés le 18 juillet dernier. Le coût des travaux réalisés s’élève à 2,4 Me.

"Il a fallu cinq années d’analyses, d’études et de concertation avec les administrations et organismes environnementaux avant d’entamer les travaux de protection du trait de côte et du bord de la plage tout en maintenant les activités économiques."

Viendra ensuite le temps de la réhabilitation de l’escalier communiquant avec les deux plages.

Par ailleurs, une zone de mouillage écologique (zone mouillage et d’équipements légers, ZMEL) pour laquelle 120 bouées d’ancrages sont disponibles à la location, a été mise en place pour sauver les posidonies, et par là même les plages du Rayol-Canadel. Le territoire est doté d’un appontement démontable.

À Grimaud

Une plage de Grimaud. Photo J.-M. R..

Situé au fond du Golfe, le littoral grimaudois est concerné, en de multiples points (Guerrevieille, Beauvallon, Gros Pin) par le grignotage des plages.

En lieu et place du delta marécageux, se trouvent aujourd’hui un port et une marina qui ont pour conséquence un afflux de sédiments portés par La Giscle à la sortie du port. Ce sable pourrait "recharger" les plages mais les opérations de dépollution coûtent cher. Il reste

Tous les regards sont également tournés vers le secteur du camping de la plage et de Saint-Pons.

Ici, le bunker de la Seconde Guerre mondiale doit être retiré après avoir été déchargé de ses munitions. La création d’un enrochement longitudinal est dans les cartons.

"La commune a une vraie volonté de ‘‘renaturiser’’ l’ensemble des lieux et retrouver les dunes naturelles qui existaient avant l’urbanisation."

Dans l’anse du Vieux-Moulin, après la pose de géotubes fin 2019, il s’agit de suivre l’efficacité des récifs artificiels mis en place en complément pour que "les poissons et crustacés reviennent durablement".

À Saint-Tropez

À Saint-Tropez. Photo DR.

À Saint-Tropez, la réhabilitation du perré du cimetière, dont les enrochements sont en train de se disloquer, est inscrite au programme de 2021.

"Le mur de protection a été posé en 1986. À force de lutter contre l’énergie des vagues, il s’est dégradé. La partie supérieure de l’enrochement s’affaisse et des cavités apparaissent."

90 mètres linéaires devraient être repris sur les 160 mètres existants avec un redimensionnement des roches. Le coût de l’opération est de 600.000 euros.

Cette sécurisation des lieux sera accompagnée de la réfection du sentier piétonnier. Des études de lutte contre l’érosion sur la plage de la Ponche sont également prévues.

À Cavalaire

La plage du centre-ville de Cavalaire. Photo DR.

Le bord de mer est fortement impacté par l’érosion, laquelle est aggravée par les coups de mer comme à la fin 2019.

"La promenade de l’ancien chemin de fer de Provence avait disparu. Il a fallu 2 Me pour la remise en état." Et de poursuivre: "Sur la plage du centre-ville et jusqu’au Dauphin, le résensablement, effectué régulièrement, est similaire à un sparadrap sur une jambe en bois".

De plus, le coût, calculé en fonction du nombre de kilomètres parcourus et de la quantité, est onéreux.

Désormais, une réflexion sur une solution pérenne est nécessaire. Reste à savoir laquelle. "Dans les années 80, un essai avait été réalisé avec la pose de galets en centre-ville mais cela ne tenait pas. On peu encore en trouver quelques uns aujourd’hui."

À Sainte-Maxime

Une plage de Sainte-Maxime. Photo J.-M. R..

Gâtée par les sédiments charriés par le fleuve côtier du Préconil, la ville de Sainte-Maxime doit régulièrement procéder au prélèvement de ce sable de rivière. Ce dernier n’est pas perdu puisqu’il vient alimenter d’autres plages du littoral de la commune.

En 2018-2019, une vaste étude de diagnostic a été menée en vue de la lutte contre l’érosion et de l’amélioration de la qualité paysagère à Guerrevieille (limite avec Grimaud), Croisette, centre-ville, La Nartelle, la Madrague et la Garonnette.

La Croisette, par exemple, "est sujette à une forte érosion ainsi qu’au phénomène de submersion marine ayant pour effet des projections de galets et d’embâcles sur la route, un peu comme ce qu’on observe en Normandie". 

Mise en place de géotubes, rechargement et reprofilage des plages sont des pistes envisagées sur le littoral maximois.

Pampelonne apparaît comme le bon élève du Golfe avec son projet de refonte complète de son littoral et de recréation du cordon dunaire, favorisées par l’absence d’urbanisation aux alentours.

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